Yvon Libessart : portrait d'un fondateur
- matthiasll

- 27 avr.
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Dernière mise à jour : 22 sept.

Figure centrale du scoutisme audomarois, Yvon Libessart a joué un rôle déterminant dans la renaissance du système des patrouilles (méthode dite "unitaire") dans les années 1970 à St-Omer. À travers la création des Scouts d’Artois, puis l’adhésion aux Scouts Unitaires de France (SUF), il a su rassembler autour de lui une jeunesse en quête d’authenticité scoute. Retour sur le parcours d’un bâtisseur discret mais décisif.
1. Les débuts dans le scoutisme
Yvon Libessart est une figure marquante du scoutisme audomarois. Au début des années 1960, il fait ses premières armes au sein de la troupe Scouts de France (SdF) 1ère St-Omer - Bayard, en tant que membre de la patrouille du Chamois.
2. La réforme des SdF et la remise en question
Dans le même temps, les SdF réorganisent leurs branches : les pionniers (14-17 ans), les rangers (12-14 ans) et les compagnons (17 ans et plus) remplacent les unités traditionnelles. Le groupe 1ère St-Omer - Bayard adopte cette réforme dès 1963, et Yvon Libessart devient, à la fin des années 1960, chef pionnier du poste 3e St-Omer.
Après cinq années de fonctionnement selon cette nouvelle pédagogie, les chefs pionniers — dont Libessart — en perçoivent les limites : la méthode par "chantiers" les éloigne des fondamentaux du scoutisme, comme la vie en patrouille et le campisme. Cette critique marque le début d’une profonde remise en question.
3. La rupture et la création des Scouts d’Artois
Sur les conseils de Francis Lemblé (ancien chef de la 2e St-Omer SdF dans les années 1950), Yvon prend contact avec Michel Menu (ancien Commissaire National Éclaireurs SdF et figure de la résistance à la réforme). De retour d'un raid Goum où il a rencontré Michel Menu, il participe, le 19 septembre 1969, à une réunion officielle avec les responsables locaux SdF. Elle aboutit à un compromis temporaire : les pionniers de la 3e St-Omer peuvent expérimenter une pédagogie unitaire tout en restant rattachés aux SdF. Mais cette solution ne dure pas.
En janvier 1970, Yvon Libessart, avec le soutien de l’abbé Delannoy (ancien aumônier de la troupe 1ère St-Omer), fait scission et fonde la troupe 3e St-Omer des Scouts d’Artois. Il s’appuie sur le Groupe de Plein Air (GPA), une association créée par Michel Menu pour soutenir les groupes unitaires.
La nouvelle troupe compte deux patrouilles — Chamois et Lynx — et se distingue par un foulard en tartan écossais vert et bleu, bordé de bleu marine, confectionné localement. Ce choix symbolise une rupture claire avec les foulards rouges des SdF audomarois.

4. Vers une reconnaissance nationale : la recherche d’un cadre stable
L’expérience des Scouts d’Artois est riche, mais isolée. En 1974, la troupe souhaite intégrer une structure plus large afin de mieux vivre la fraternité scoute. Yvon Libessart participe à un Camp-École chez les Scouts d’Europe, où il rencontre Pierre Géraud-Keraod, mais ne souhaite pas rejoindre ce mouvement.
C’est alors qu’il découvre les Scouts Unitaires de France (SUF), fondés en 1971, dont l’organisation souple et décentralisée correspond à ses attentes.
5. L’adhésion aux SUF
Après une période de discernement et de rencontres, notamment lors de raids Goums, Yvon Libessart et Denis Xavier — son plus proche collaborateur — déposent, le 27 décembre 1974, une demande officielle d’adhésion auprès du centre national SUF.
La troupe 3e St-Omer devient alors membre des Scouts Unitaires de France, marquant la naissance officielle du groupe SUF de Saint-Omer.
6. Héritage et mémoire
Yvon Libessart reste une figure respectée de l’histoire du mouvement audomarois. En 2004, il participe à une rencontre d’anciens SUF de Saint-Omer, organisée à Boran-sur-Oise, aux côtés de Denis Xavier et Michel Menu.
Par son engagement, sa vision et sa fidélité à la méthode unitaire, Yvon Libessart a profondément marqué le scoutisme audomarois. De la résistance à la réforme SdF à la fondation du groupe SUF de Saint-Omer, en passant par l’aventure des Scouts d’Artois, il incarne un parcours de fidélité au scoutisme de Baden-Powell et du Père Sevin.
"Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;
mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit" (Jn 12,24).






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