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H. Bouchet: 1er Chef Scout Audomarois

Il y a une filiation assez nette entre la troupe 1ère Saint-Omer Bayard des Scouts de France (SdF) fondée en 1933 et la troupe actuelle des Scouts Unitaires de France (SUF) de St-Omer. Pour seule preuve suffisante* : les patrouilles du lynx et du chamois de la troupe René Mouchotte actuelle sont d'anciennes patrouilles de la 1ère Saint-Omer SdF.

Annonce dans la revue "Le Chef" n°102 d'avril 1933

En 1933, au début d'une telle aventure humaine et éducative, il fallut un chef de caractère à la vue et à la formation élevées pour donner l'impulsion originelle. Après des centaines de pages de revues officielles feuilletées et les recoupages des données historiques nécessaires, ce chef scout, l'ancêtre commun de tous les chefs audomarois (SdF, Scouts d'Artois, SUF), nous l'avons retrouvé! Il s'agit de:


Henri Bouchet totémisé Hibou Philosophe


C'est loin d'être un audomarois de souche!

Henri Charles Marie Bouchet est né le 5 août 1896 à Vic-Fezensac dans le Gers.

Alors qu'il étudie le Droit à la faculté de Bordeaux, en 1915, il est mobilisé dans le 18e régiment d'artillerie. Il reviendra sain et sauf en 1919 décoré de la croix de guerre, il a alors 23 ans.

Il reprend donc ses études et obtient sa licence de Droit en 1922 puis une licence de Lettres en 1926. Il devient alors professeur de Philosophie au lycée de Lorient et obtient l'agrégation de Philosophie en 1929.

C'est à partir de cette époque qu'il va se consacrer à la passion de sa vie: les sciences pédagogiques de l'éducation nouvelle qu'il mettra en oeuvre dans ses classes en tant que professeur de Philosophie et dans le scoutisme en tant que chef.

Il découvre le scoutisme à la fin des années 1920 à Lorient alors qu'il a la trentaine, d'abord peut-être chez les Éclaireurs de France (EdF) puis assurément comme chef de la 2e Lorient des Scouts de France (SdF) avec lesquels il se forme au Camp National d'Entraînement de Chamarande lors du 18e cours de scoutmaîtrise d'août 1931.

Annonce dans la revue "Le Chef" n°86 d'octobre 1931

Ses méthodes d'auto-éducation ne font pas l'unanimité et il aura régulièrement des déboires avec sa hiérarchie dans les établissements scolaires qu'il côtoiera.

De Lorient, il demande sa mutation au lycée Alexandre Ribot de Saint-Omer qui est acceptée en octobre 1932**. Durant l'année scolaire 1932 - 1933, en parallèle de ses cours de Philosophie, il obtient la badge de bois venant couronner son stage pratique à Chamarande et fonde officiellement la troupe 1ère Saint-Omer SdF avec M. l'abbé Saniez comme aumônier et Henri Sandevoir comme assistant. Henri Bouchet est donc le 1er chef de troupe catholique audomarois (on disait à l'époque "ScoutMestre" ou "SM") mais aussi le 1er chamarandais audomarois.


Annonce dans la revue "Le Chef" n°105 de juillet 1933

Pour se donner un socle théorique solide et confirmer ses pratiques pédagogiques, il soutiendra en 1933 deux thèses de doctorat à la Sorbonne pour lesquelles il recevra le Prix Maujean de l'Académie Française:

  1. "L’individualisation de l’enseignement"

  2. "Le scoutisme et l'individualité"

Hibou Philosophe n'a pas chômé durant sa période audomaroise! Il devient le tout premier universitaire à soutenir une thèse consacrée au scoutisme en France et prend même le temps d'écrire pour les SdF un livre intitulé "Grands scouts et routiers: une formule nouvelle" préfacé d'une lettre d'Edouard de Macédo, commissaire national routier SdF, datée du 30 septembre 1933.


Après son année à St-Omer, il changera très régulièrement d'établissement scolaire: Beauvais, Clères en Normandie puis Cahors et Auch. Un scout sait camper et décamper!

À 44 ans, le lieutenant Henri Bouchet est de nouveau appelé à servir au sein de l'armée française. Cependant, le 17 juin 1940, il est fait prisonnier et déporté en Allemagne. Libéré le 21 juin 1941, il rejoint la résistance française et est engagé dans la campagne d'Autun et d'Alsace dans le Corps francs Pommiès.

Après la guerre dont il sort affaibli physiquement et psychologiquement, il est réintégré au lycée de Chartres en 1947 en tant que professeur de Philosophie mais cumule les arrêts pour maladie. Il n'en oublie pas sa passion et réédite sa deuxième thèse en 1945 sous un nouveau titre "Psychologie du scoutisme" qui est un ouvrage de lecture aisée et toujours d'actualité au XXIe siècle. Pour H. Bouchet, le scoutisme "s'apparente à l'Education nouvelle dont il constitue une des plus remarquables manifestations" ("Le scoutisme et l'individualité" p.8)

A partir de 1950, il travaillera pour le "Centre National d'Enseignement Par Correspondance Radio Télévision" (CNEPCRT) jusqu'à sa retraite en 1956.

Il est décédé le 17 janvier 1972 à Roquebrune dans le Gers.


Comme chef scout, Hibou Philosophe a su pratiquer à fond un des préceptes de Chamarande: "Il n'y a pas de chef, [...], sans un certain degré d'intellectualisme. N'être qu'un entraîneur ne suffit pas. Il faut avoir pensé son entrain et savoir où l'on veut aller" (J. Sevin dans le "Le Chef" janvier 1927).

Réunir la double qualité de théoricien et de praticien: voilà le bel exemple qu'il lègue à ses successeurs audomarois!


*Une autre preuve: Yvon Libessart qui mena la résistance unitaire au début des années 1970 à St-Omer en créant les Scouts d'Artois qui deviendront SUF en 1974, était un ancien de la 1ère St-Omer Bayard (patrouille du chamois).

**En 1931-1932, Emmanuel Mounier, Philosophe Catholique, a enseigné la Philosophie dans le même lycée Alexandre Ribot de St-Omer. Il est probable que les deux hommes se connaissent et que l'arrivée de Henri Bouchet à sa suite ne soit pas qu'un pur hasard. En 1944, Emmanuel Mounier écrit un article dans la revue "Esprit" sur son concept de "scouticisme" qui sera commenté par H. Bouchet dans le livre "Psychologie du scoutisme" de 1945 (p.145)


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