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La souplesse des SUF: légende ou réalité?

La Communauté Des Aînés (CDA) chez les SUF est une organisation qui a montré son efficacité depuis les premières années du mouvement. Formée de filles et de garçons de plus de 17 ans, elle regroupe les routiers et guides-aînées en service comme chefs ou assistants à la tête des différentes unités du groupe ou membres du clan ou du feu.

Ces jeunes se connaissent souvent de longue date par leur passé commun de jeunes scouts au sein des unités, ils s’entraident, progressent chacun par la pédagogie de la Route et du Feu et partagent un attachement commun à un groupe qu’ils souhaitent prospère.

Ils passent d’une maîtrise d’unité à l’autre suivant les besoins ou les envies et apprécient les moments hors des unités pour partager leurs expériences et vivre simplement une fraternité joyeuse. Quand l’ambiance est bonne, il n’est alors pas rare que les relations dépassent le cadre du scoutisme.

Comme toute structure nécessite un pilote pour donner de l’élan et de la cohésion, un chef avec sa maîtrise est responsable du groupe (chef de groupe) et de la communauté des aînés qui en constitue la cheville ouvrière.

Ce chef de groupe a plusieurs missions dont les plus importantes sont:

  • d’assurer avec l’aumônier une dynamique à la communauté des aînées afin que chacun prenne conscience que la progression de routier ou guide-aînée est essentielle pour le développement personnel et pour gagner en maturité à la tête des unités. Cette dynamique doit permettre d’assurer d’année en année un nombre suffisant d’encadrement au niveau des unités.

  • d’assurer la qualité pédagogique et la sécurité au sein des unités notamment pas le suivi des formations des chefs et assistants des unités et des dossiers de camps.

  • d’assurer des contacts avec les parents en soutien aux chefs d’unités

  • d’assurer un suivi financier global du groupe

  • d’organiser les événements annuels regroupant toutes les unités du groupe afin d’en assurer la cohésion (WE de groupe, fête de groupe, fête de Noël, montée des louveteaux/jeannettes…)

  • d’assurer les besoins matériels des unités (locaux, tentes…)

  • d’assurer les relations externes (mairie, paroisse, …)


C’est à ce niveau que les SUF ont fait un choix peu banal entre 2007 et 2010. Comme la communauté des aînés est mixte et qu’elle constitue le maillon stratégique du groupe, le choix est de demander à un couple constitué d’un homme et d’une femme de prendre la charge de chef de groupe (souvent des parents de scouts). On parle alors de chefs de groupe au pluriel. Il va de soi, dans un mouvement catholique, que ce couple doit être marié et le statut matrimonial devient le premier critère sélectif. L’objectif à travers ce couple est double: proposer un référent adapté à chaque sexe et faire du couple uni par le sacrement du mariage un modèle tangible pour les aînés. Aucune expérience scoute significative n’est demandée mais les couples reçoivent une formation “Tripode” d’une semaine durant laquelle ils peuvent prononcer leur Promesse.

Tout ceci est logique et a du sens mais est-ce scout?


Si le couple était responsable d’une unité d’enfants, la réponse serait rapide et négative. Le scoutisme est une méthode d’éducation complémentaire à la famille avec des chefs qui ont eux-mêmes une expérience scoute et une progression propre. L’apport est réciproque, le chef comme un grand frère, met son expérience de la Loi Scoute, de vie du camp dans la nature au service des plus jeunes qui lui rendent bien en expériences humaines et en vitalité. Des adultes mariés à la tête d’unités sans expérience scoute ne seraient pas d’une grande utilité pour faire progresser les enfants dans le scoutisme, cette fraternité de campeurs. Ils ne seraient en aucun cas vus comme des grands frères ou des grandes sœurs mais comme des parents et ce ne serait donc plus du scoutisme.


Mais alors, si ce même couple est responsable d’un groupe et plus spécialement de la communauté des aînés, est-ce différent?

Tout dépend de l’objectif que l’on donne aux routiers et guides-aînées de la communauté des aînés.

Si ceux-ci doivent progresser scoutement, c’est-à-dire avec des techniques, une ascèse, un idéal et une spiritualité propre vers un engagement scout à vie par le Départ Routier ou la Parole de Feu, ce couple de chefs ne sera que d’une aide limitée. Il pourra être un témoignage particulier de l’union des esprits et des cœurs sanctifié par le sacrement du mariage et des fins associés (amitié conjugale, procréation, éducation des enfants, entraide entre époux). Il pourra également témoigner de la vocation de tout baptisé à rayonner du Christ et à s’engager dans la société. Mais, dans la plupart des cas, il ne pourra pas témoigner d’une progression scoute adulte, celle du départ routier et de la parole de feu qui colore la vie d’une spiritualité et d’un idéal particulier.


Par contre, si les routiers et guides-aînées ont l’objectif de servir le scoutisme dans les unités puis de prendre un départ ou une parole qui mettra fin à leur progression scoute, ou même, les libérera de l’empreinte scout pour mieux agir dans le monde, alors le couple marié comme modèle pour une vie adulte peut prendre tout son sens. Il n’a plus à s’occuper à agir en grand frère ou grande sœur, à faire des scouts ni à s’occuper des scouts, mais par le seul exemple de leur vocation au mariage à faire des hommes et des femmes, les parents chrétiens de demain. Si tel est le cas, le départ routier et la parole de feu seraient dévoyés.


Quels objectifs revendiquent les SUF pour leurs routiers et guides-aînées? Les pousser après 25 ans à s’engager en chrétien dans la société hors du mouvement car leur progression scoute est censée être terminée. Le chant de la Promesse souvent pris en chœur après le consentement des époux résonne alors comme le clap de fin d’une progression scoute laissant place à une vie familiale et professionnelle beaucoup plus sérieuse.

II semblerait alors qu’il y ait rupture avec ce que les SdF envisageaient encore en 1952 dans le cérémonial du départ routier: “As-tu compris, par la vie exigeante que nous cherchons à réaliser, qu'un routier n'est jamais satisfait de lui et ne se considère jamais comme arrivé ?”

Ici, il n’est pas question de fin de progression scoute, au contraire! Ce passage a étrangement totalement disparu du texte du départ des SUF.


Si le scoutisme des unités n’est peut-être pas directement mis à mal par le choix de couples mariés de parents à la tête des groupes SUF, c’est l’ordre scout, la fraternité RS comme on pourrait l’appeler qui en sort affectée.

Les SUF ne proposent pas aux couples mariés une progression scoute durant leur service puisque le cheminement vers le départ routier ou la parole de feu est réservé au 17-25 ans. Les aînés SUF ne seront alors probablement pas invités par ce couple de parents à trouver dans la Promesse, les activités scoutes et la méditation devant la croix potencée, cette spiritualité scoute leur permettant de continuer à progresser en scout, quelque soit l’âge, d’étape en étape jusqu’au camp du repos et de la joie. Par manque de témoignage, ils ne réaliseront peut-être pas qu’ils ne sont pas seuls sur cette route sinueuse et que la communauté RS, malheureusement dispersée, est néanmoins réelle. Qu’elle a besoin d’eux autant qu’ils ont besoin d’elle.


L’ordre implique qu’entre le Christ et le petit louveteau, une chaîne de chefs investis par l’échelon supérieur, partageant le même idéal et ayant charge d’âmes opère. Cet ordre ne propose qu’un modèle: le Christ à imiter dans ses exemples évangéliques synthétisés dans la Loi et les Principes scouts. Cet ordre qui aime l’Epouse du Christ, l’Eglise et tous ses sacrements, mais qui n’hésite pas à appeler ses membres “au plus haut service” de la vocation sacerdotale ou religieuse.


Est-ce donc “scout” de choisir exclusivement des couples mariés en tant que chefs de Groupe? Pour ceux pour qui le scoutisme ne dépasse pas 25 ans, oui… Pour les autres ça ne peut que créer une impression de malaise de voir leur esprit scout adulte déprécié et leur statut de célibataire ou veuf (ou simplement marié à un époux ou épouse ne souhaitant pas s’investir dans le scoutisme) les éloigner de certains services actifs auprès de la jeunesse.


Aussi, au-delà des considérations purement scoutes, peut-on se résoudre à conclure qu’un choix est bon quand il écarte des hommes et femmes compétents de certaines responsabilités?


Sans remettre en cause la communauté mixte des aînés qui est une source de dynamisme et de cohésion dans un groupe, les SUF aurait pu renforcer le rôle du chef de Groupe unique (homme ou femme) en l’invitant à s’entourer d’assistant(e)s complémentaires avec les compétences nécessaires pour assurer la progression de la communauté des aînés et les nombreuses autres tâches listées précédemment (notamment des RS / GA 3 flots, des anciens chefs/cheftaines, son époux/épouse, sans oublier le chef de Clan et la cheftaine de Feu si ils ont le bagage suffisant).

A l’inverse, la fonction de Chef de Groupe peut sortir affaiblie par la dilution de son autorité, par l’abandon de la figure du Christ Seigneur et Chef remplacée par une fonction d’ ”animateurs” ou de “témoins” du mariage chrétien.

On peut espérer que le choix des SUF évolue et qu’ils retrouvent un peu de souplesse en laissant aux groupes scouts le choix de proposer toute personne compétente, fidèle à la doctrine catholique, capable de s’entourer et désireuse de progresser par le scoutisme à la tête de la communauté des aînés et du groupe.

Les SUF sont connus pour leur structure légère et leur souplesse, alors, légende ou réalité?



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