Speculator Audomari : Bonjour Damien. Merci d’avoir accepté cette interview en tant qu’ancien du Groupe SUF de St-Omer. Tu n’as pas eu un parcours scout habituel, peux-tu nous retracer ta rencontre avec le scoutisme et ton itinéraire?
Damien Bernard :
Bonjour et merci pour cette invitation à témoigner.
J’ai rencontré le scoutisme en rencontrant Aurélie, elle a été Jeannette, Guide, GA et Cheftaine dans les Groupes SUF de St-Omer et Renescure. Lors de mes passages à St-Omer et la rencontre de son cercle d’amis… j’ai donc rencontré cette joyeuse bande fraternelle du Groupe de St Omer. J’avais souhaité être scout jeune mais les contraintes familiales ne m’ont pas permis de le faire à l’époque.
Ma rencontre avec Aurélie et ensuite notre mariage m’ont permis de mieux connaître le scoutisme. Mon beau-père a été scout à St-Omer dans les années 50-60, et ses filles l’ont été chez les SUF donc logiquement nous avons souhaité que nos enfants connaissent cette belle aventure. Suite à l’inscription de nos enfants dans le Groupe j’ai donc découvert la pédagogie des Jeannettes et Louveteaux, ensuite nous nous sommes spontanément et modestement mis au service (un peu de logistique, de gestion de matériel, un peu d’aide lors d’un camp de région) et les Chefs de Groupe (CG) de l’époque nous ont sollicités pour un dîner et là que ne fut pas notre surprise….”nous souhaiterions que vous preniez notre relève comme CG”, cette demande date du printemps 2012. Après quelques semaines de discernement et de doute, nous avons accepté cet appel à la mission. J’avais des inquiétudes à prendre ces responsabilités : ma non connaissance de la pédagogie, du mouvement…. mais dans notre entourage et nos connaissances sur l’Audomarois je savais que j’allais pouvoir trouver des personnes ressources quand nous serions officiellement annoncés comme futur CG, ce qui fut le cas lors de la fête de Groupe en juin 2012 à la ferme du Schoubrouck. Et là le tourbillon SUF m’a embarqué.
Été 2012 :
Je me plonge dans la lecture de grandes figures du Scoutisme, le père Sevin, le Chanoine Cornette, Baden et Olave Powell, Guy de Larigaudie et bien d’autres.
Je profite également de ce temps pour échanger avec des anciens du Groupe qui font partis de notre cercle amical et qui ont eu des responsabilités dans le Groupe (anciens CT, anciens CG, anciens chefs et cheftaines…) Notamment Etienne et Véronique B, Anne Sophie et Nicolas B, Charlotte B, d’autres CG de la région dont un ancien de St-Omer Guillaume D, nos prédécesseurs et bien évidemment Aurélie et nos enfants qui m'ont beaucoup accompagné.
2012-2013 : année de tuilage avec les CG Delphine & François G.
Camp des Aînés septembre 2012 : Promesse au pied des Ruines de l’Abbaye de Clairmarais
Été 2013 : formation de CG
2013 - 2016 : Chefs de Groupe avec des gros temps forts
Camp de région 2016
JMJ 2016 à Cracovie avec une trentaine d'aînés et de CP/CE
2016 - 2020 :
Responsable opérationnel au sein du noyau Événements nationaux du mouvement (mission seul, Aurélie était quant à elle dans le noyau cellule de crise et prévention des risques)
2019 - 2022 :
Responsable opérationnel des 50 ans des SUF à Chambord (mission de couple)
Depuis 2022 :
Responsable du noyau Soutien Opérationnel Scout (mission de couple)

SA : Un jeune scout a du temps pour se familiariser avec le scoutisme à travers les différentes branches et les engagements progressifs. As-tu, pour ta part, ressenti une certaine progression au fil des années, es-tu le même scout aujourd’hui qu’hier ?
DB : J’ai, en effet, progressé de manière différente car de fait je n’avais pas d’expérience scoute mais je me suis mis à l’écoute notamment des maîtrises, j’arrivais avec un oeil de novice et cela m’a permis de beaucoup échanger avec les chefs et cheftaines et d’apprendre d’eux. Ma progression s’est faite de moments forts et de magnifiques rencontres. J’ai fait grandir nos chefs et j’ai grandi avec eux.
SA : A-t-il été difficile de s’adapter au monde scout avec ses codes, ses méthodes, ses techniques, son histoire… ?
DB : Non, je n’ai pas rencontré de difficultés à m’adapter car je me suis beaucoup informé en amont et ensuite j’ai eu la sagesse d’écouter et d’apprendre de mes prédécesseurs, des anciens du Groupe, de mon entourage et des jeunes qui nous accompagnaient en maîtrise. De plus, pour la partie "campisme" des activités scoutes, mon passé militaire m’a été utile.
SA : Est-ce que cette rencontre avec le scoutisme catholique a fait évoluer ton rapport à la Foi?
DB: En effet, la mission de CG demande une réflexion profonde sur sa Foi et le sens de l’engagement. De plus, l'animation des temps de réflexion spirituelle travaillés avec les aumôniers, amène un travail de fond sur sa Foi. J’ai d’ailleurs pendant ma mission souhaité préparer le sacrement de la confirmation.
SA : Les responsables adultes au sein des SUF, s’ils n’ont pas été scouts auparavant, sont invités à prononcer leur Promesse d’éclaireurs mais ne sont pas encouragés après quelques années de service à prendre leur Départ Routier qui viendrait confirmer la Promesse de leurs débuts. Quel est ton opinion sur le sujet ?
DB : Statutairement quand tu acceptes la mission de CG, il est considéré que tu as une progression complète car tu prends la responsabilité d’accompagner l’ensemble des Chefs d'Unité (CU). Mais, en effet, tu n’as pas d’accompagnement vers une progression formalisée mais celle-ci prend une autre forme. Tes délégués régionaux, ton aumônier, l'aumônier régional peuvent t’accompagner dans une progression personnelle. Et surtout tes chefs et cheftaines t’obligent à progresser à leurs côtés. Après bientôt 13 ans de service comme adulte dans le mouvement je continue ma progression mais celle-ci est moins formelle.
SA: As-tu une figure scoute ou un livre qui t’a particulièrement inspiré dans ta carrière scoute? Penses-tu que l’étude du scoutisme soit assez développée chez les chefs et cheftaines actuels?
DB : N’ayant pas eu d’expérience scoute jeune, je me suis beaucoup documenté et je retiens 4 personnages forts : le Père Jacques Sevin, Michel Menu, Guy de Larigaudie, Arthur de Salins…. choix difficile dans la multitude de grandes figures.
Pour l’étude du scoutisme chez les chefs et cheftaines, je pense qu’en effet, nous devons suggérer en tant que CG la découverte de certaines figures clés du scoutisme.
SA : Tu as eu des responsabilités régionales et nationales, y a-t-il des différences entre la vie au sein d’un Groupe comme celui de St-Omer et celle dans les structures supérieures ?
DB : Après la mission de CG, j’ai en effet continué à me mettre au service des SUF au niveau national (depuis 2016), avec quelques missions d’appui en région sur des événements de grande envergure. La vie de Groupe est une mission particulièrement épanouissante et riche, chaque jour tu apprends et tu grandis aux côtés des jeunes et de tes aînés.
Les missions nationales sont plus “professionnelles”, les missions que tu remplis font appel autant à ton bon sens scout qu’à tes capacités à mettre en œuvre au sein du mouvement des capacités plus professionnelles.
Chaque mission m’a permis de m’épanouir et de grandir dans ma vie scoute, dans ma foi et dans ma vie d’homme.
Les ambiances sont forcément différentes mais la fraternité scoute se vit au sein du mouvement quelque soit l’âge et la mission.
SA : Qu’est-ce qui t’a le plus marqué : la vie scoute à l’échelon local, régional ou national ?
DB : La vie scoute du Groupe est très marquante, et les autres missions le sont mais différemment
SA : Depuis quelques années, les mouvements de jeunesse (y compris le scoutisme) apportent de l’importance aux grands événements ou rassemblements festifs prisés des jeunes. Quel regard portes-tu sur cette inclination ?
DB : Je pense que depuis longtemps les mouvements de jeunesse apprécient de se retrouver pour partager des moments ensemble sur des valeurs partagées. L’historique camp régional de Dourlers qui a marqué l’histoire des SUF dans le Nord pendant des années en est un bon exemple. Aujourd’hui les JN chaque printemps, les RNR/FDT chaque Toussaint sont des moments forts pour les aînés. Les rassemblements de Chambord en 2007 et 2022 ont également marqué les esprits.
Ces grands événements permettent à chacun de se rendre compte du partage des mêmes valeurs non pas à l’échelle d’une Unité ou d’un Groupe mais à l’échelle du mouvement SUF qui donne cette impulsion. C’est une bonne chose si chacun y retrouve sa pédagogie.
SA : As-tu été amené à rencontrer les responsables d’autres mouvements scouts? Si oui, selon toi, comment se porte cette fraternité scoute ?
DB : Lors du rassemblement des 50 Ans des SUF, j’ai eu l’occasion d’échanger avec les représentants des Guides et Scouts d’Europe et des Scouts et Guides de France. La fraternité entre mouvements est dynamique, il y a d’ailleurs chaque année des échanges entre instances des différents mouvements dans le respect de la diversité de chacun.
De plus, suite à notre mission à la tête de Chambord, nous avons réalisé un partage d’expérience avec les Éclaireuses et Éclaireurs Israélites de France qui ont fêté leur 100 ans en 2023.
SA : Quel est ton meilleur et ton pire souvenir de tes activités scoutes ?
DB :
Meilleur souvenir : Promesses des adultes de notre équipe encadrement Chambord
Pire souvenir : Gestion de crise liée à la tempête à Chambord lors du souhait des autorités de fermer le camp
SA : Comment imagines-tu ton avenir scout ?
DB : Nous sommes toujours, avec Aurélie, au service actuellement et nous nous sentons toujours légitimes chez les SUF, notre fille étant cheftaine de Feu. Lorsqu’elle arrêtera nous nous poseront sûrement la question d'arrêter; mais Scout un jour, Scout toujours!
SA : Aurais-tu un message à faire passer aux anciens scouts de l’Audomarois ?
DB : Merci d’avoir créé dans l’Audomarois une si belle aventure et fraternité scoute, depuis de si nombreuses années.
SA : Quelque-chose à ajouter ?
DB : Merci, Seigneur de m’avoir emmené sur les chemins de cette magnifique aventure.
SA : Merci Damien pour ton témoignage et pour les services rendus au scoutisme.
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