Ça fait quelques temps que nous entendons parler, ici ou là, de projets de clans de routiers adultes engagés dans la vie. Il y aurait déjà plusieurs clans de ce type chez les GSE-Belgique et le projet est en maturation à l'AGSE.
Quel constat ?
Confronté aux épreuves de la vie moderne, qui sait si tel ou tel "ancien scout" n'a pas besoin d'être aidé? De sentir une amitié fraternelle pour retrouver son idéal? De replonger dans la vie de plein air pour se refaire une santé? De revivre l'ascèse de la route pour avoir de nouveau confiance dans toutes les exigences de sa Foi?
En outre, les mouvements de scoutisme n'ont-ils pas besoin de routiers mûrs ayant pris le recul nécessaire, prêt à penser plus loin leur scoutisme et à servir la jeunesse? Il y a quelques semaines, un Chef de Groupe m'avouait qu'il était bien difficile de trouver de vrais Chefs de Clan avec l'expérience de la vie et la maturité nécessaire.
La Route nous rappelle...
En parallèle de leurs devoirs d'état quotidiens et pour soutenir ceux-ci, le clan de vieux routiers propose alors une vie communautaire périodique "aux anciens" autour des trois axes de la Route: vie de plein air (marche et bivouac) ; vie intérieure (prière, étude et réflexion) ; vie de service (au scoutisme, à la paroisse, à la commune...). Il s'agit d'entretenir la flamme, de réparer les plaies, de raviver les énergies et de réchauffer les enthousiasmes des vieux Routiers au sein d'un clan.

Des précédents historiques?
Oui, l'exemple le plus parlant est celui des vieux routiers du Creusot après la 2nd guerre mondiale. Le scoutisme catholique y est actif depuis 1912 (d'abord avec la Milice St Michel puis les SdF à partir de 1922) et malgré une baisse des effectifs entre 1940 et 1945, le scoutisme y est fortement ancré avec des routiers attachés à leur usine locale et à leur mouvement scout qu'ils ne souhaitent pas quitter. Afin de laisser la place aux plus jeunes dans le clan des novices et compagnons, les plus âgés des routiers se regroupent dans un second clan de "vieux routiers" pour continuer à vivre leur idéal sur le plan familial, professionnel, religieux et social.
Ce clan s'efforce de promouvoir: 1. l'amitié ; 2. l'entraide ; 3. le rappel constant de l'idéal scout (Principes, Loi, BA) ; 4. la prière communautaire ; 5. la vie de plein air ; 6. la propagande pour le scoutisme ; 7. l'aide au mouvement dans la mesure où elle est acceptée par ceux qui sont en activité.
Dans les années 1950, sous la houlette de Louis Faure, le clan de vieux routiers du Creusot reste très actif et son programme comporte:
une activité hebdomadaire,
une sortie mensuelle (service ou marche sac au dos!)
une sortie annuelle avec les familles au complet
Quel rythme pour ces anciens du Creusot!
Aujourd'hui, si on prend soin de les rattacher hiérarchiquement à un mouvement, garant de l'unité, de la méthode et de l'esprit, et de les garder à bonne distance des unités classiques pour ne pas interférer avec les maîtrises, les clans de vieux routiers pourraient porter beaucoup de fruits :
La fraternité des Routiers s'étant répandue par le monde, l'esprit de sympathie altruiste et de collaboration contribuera à établir plus solidement la paix et la bonne volonté parmi les hommes, c'est-à-dire le règne de Dieu sur la terre. (Baden-Powell dans "Le Routier" de L. Derbaix s.j. 1929)
"Il y a quelques semaines, un Chef de Groupe m'avouait qu'il était bien difficile de trouver de vrais Chefs de Clan avec l'expérience de la vie et la maturité nécessaire."
C'est tout aussi vrai pour les éclaireurs. Mettre des gamins de 20 ans comme chefs… à une époque où l'adolescence est quasiment interminable, c'est irresponsable à mon avis.
Décréter qu'après 24 ou 25 ans, un chef doit s'en aller parce que "trop vieux", c'est de l'idéologie jeuniste aberrante.