Inspiré du livre « Soeur Bertine, la stigmatisée de Saint-Omer » de M. l’Abbé Jean-Jules-Marie Curicque - 1872
Note: la figure de Soeur Bertine est peu connue car sûrement sujette à quelques controverses. Son histoire a cependant marqué la première moitié du XIXème siècle à St-Omer et est un moyen d'aborder la vérité de Foi qu'est le Purgatoire ainsi que la doctrine des indulgences.
Soeur Bertine Bouquillon est née en 1800 à St-Omer dans une famille fort honorable.
Elle étudie au pensionnat des Ursulines de la ville en tant qu’externe jusqu’à ses 16 ans. Elle y développe déjà une attirance pour la vie religieuse et plus spécialement dans une maison hospitalière. Après avoir refusé la main d’un riche négociant, enfin libre de suivre sa vocation, elle choisit de se fixer à l’hospice Saint-Louis de St-Omer. Elle y fait ses vœux le 23 avril 1822. Ses parents ont eu trois enfants, tous entrés dans la vie religieuse : l’aînée consacrée à Dieu dans une maison hospitalière ; le second, prêtre et la troisième, religieuse Ursuline.

Le 10 septembre 1822, Soeur Bertine, qui est la plus jeune professe de l’hospice, voit tout à coup lui apparaître, la sœur Joseph Permecke, religieuse de la même maison, décédée le 23 juillet précédent, à la suite d’une apoplexie foudroyante (AVC sévère et soudain). « Je vis bien distinctement, la Soeur Joseph, en habits de religieuse, s’approcher de moi, et je lui entendis dire ces paroles : « Ayez pitié d’une âme souffrante, d’une consœur ! ». La sœur Joseph est au purgatoire et cherche une bonne âme pour prier pour sa délivrance. Un jour où la sœur Joseph lui apparaît souffrante avec des flammes jusqu’au genoux, sœur Bertine accepte de partager ses peines. Alors qu’elle prend la main tendue par Soeur Joseph, elle ressent des flammes qui lui brûlent la main et le bras. Les flammes augmentent graduellement à chaque vision avant de réduire progressivement en intensité. Soeur Bertine affirme auprès des commissaires chargés de l’enquête diocésaine que, pendant ces visions, elle ressentait les mêmes douleurs qu’elle éprouverait dans un feu réel.
« Le premier novembre, au matin raconte Soeur Bertine, je récitais mes Petites-Heures, lorsque je fus tout à coup frappée et environnée d’une grande clarté. Je vis Soeur Joseph en Purgatoire, et en même temps douze anges qui venaient à elle avec un autre ange, que l’Ange Gardien qui était à côté de moi, me déclara être saint Michel. En même temps je vis un grand nombre d’autres âmes dans les flammes, l’air triste, mais qui marquait l’espérance. Je vis ensuite Soeur Joseph, au milieu de ces anges, monter dans l’espace. Les cieux s’ouvrirent tout à coup au large et il en sortit un éclat impossible à décrire. J’entendis alors un concert ravissant et je suivis des yeux Soeur Joseph, jusqu’à ce que tout se fut refermé sur elle ; je n’ai plus rien vu. »
Durant les deux mois d’immolation volontaire, la défunte avait révélé, à Soeur Bertine, des choses graves à l’adresse de plusieurs de ses consœurs et lui avait fait une obligation de les leur dire sans crainte. Suite à ses avertissements, le trouble régna au sein de la communauté, jusqu’à ce que Soeur Bertine dit aux religieuses qu’elle recevrait les stigmates de Notre-Seigneur en preuve de la vérité de ses avertissements. Dès le lendemain, au moment où la Soeur vient de recevoir la sainte Communion, le sang coula de ses mains, à l’endroit où les clous avait percé celles de Notre-Seigneur. Le 1er octobre, les stigmates parurent aux deux mains et aux deux pieds ; le 2 , le côté saigna ; le 3, il parut à la tête une couronne tressée d’épines, sur une largeur de 3 doigts, les gouttes de sang sortant à une distance d’un doigt l’une de l’autre ; le 4, jour de la saint François d’Assise, les stigmates se manifestèrent enfin à tous ces endroits à la fois.
Mgr de La Tour d’Auvergne, Évêque d’Arras, nomma une commission de théologiens et de médecins pour faire une information exacte de l’affaire. Après enquête, cette commission fut unanime à se prononcer en faveur du prodige et Mgr l'Évêque reconnut le caractère surnaturel des stigmates.
Dans la maison, la communauté était toute renouvelée, la règle (de St Dominique) observée dans ses moindres prescription, l’harmonie la plus parfaite régnait. L’émotion gagna la ville d’où l’on se présentait à tout moment pour voir la stigmatisée, au point qu’il fallut en venir à défendre ces visites. La Soeur Bertine subit aussi la malice et la calomnie mais elle s’en sortit que plus pure et que plus dégagée du piège si subtil de la vaine gloire. Ses stigmates continuèrent à se présenter tous les vendredis et à toutes les grandes fêtes de l’année notamment, jusque peu de temps avant sa mort.
Le vendredi 25 janvier 1850, allongée sur son lit entouré de ses consœurs, la Soeur Bertine à l’article de la mort, adressa à la demande de sa supérieure quelques mots à la communauté : « Mes chères Soeurs, aimez-vous les unes les autres ! ». A ces mots, elle s’endormit doucement dans le Seigneur. Elle était âgée de 49 ans.
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